Laurent de Briançon

Laurent de Briançon, un poète dauphinois au cœur de la littérature arpitane du XVIe siècle

 

 

Laurent de Briançon, figure importante de la noblesse du Dauphiné et consul de Grenoble au XVIe siècle, a marqué l'histoire de notre littérature arpitane par une œuvre poétique audacieuse. Ses écrits comptent parmi les premiers textes véritablement littéraires dans la langue arpitane. À travers près de 2000 alexandrins, ce poète du Dauphiné offre un aperçu vivant et truculent de la vie, des mœurs et des tensions de son temps, notamment à Grenoble. Son engagement en tant que Premier Consul en 1575 et député de la noblesse aux États généraux franaçais de 1576 à Blois a directement influencé son écriture, lui permettant de critiquer ouvertement le pouvoir et la société. Ses œuvres, initialement publiées aux XVIe et XVIIe siècles, sont aujourd'hui accessibles grâce à de nouvelles traductions qui permettent d'apprécier la langue arpitane de l'époque dans ses graphies originales.

Une plume engagée à Grenoble

Né dans une famille noble dauphinoise, Laurent de Briançon s'est distingué par sa carrière politique et juridique. Après des études de droit à Valence, il s'établit à Grenoble où il devient avocat au Parlement du Dauphiné. Son ascension l'amène à être élu Premier Consul de la ville en 1575, puis à représenter la noblesse du Dauphiné auprès du Roi Henri III de France en 1576. Bien que la langue des gentilshommes fût le français à cette époque, Laurent de Briançon choisit d'écrire en langue arpitane, même dans sa correspondance avec d'autres nobles. Ce choix témoigne d'un attachement à sa langue maternelle et lui permet d'adopter un style souvent hardi, proche du français du XVIe siècle, utilisant notamment des inversions qui demandent une certaine gymnastique intellectuelle à la lecture.

Les trois poèmes, miroir d'une époque

L'œuvre poétique de Laurent de Briançon se compose de trois textes majeurs écrits en arpitan de Grenoble. « Lo Batifél de la Jesent » (Les Bavardages chez l'Accouchée), comptant 1032 alexandrins, est un pamphlet anti-calviniste qui utilise le cadre d'un bavardage de femmes autour d'une accouchée pour s'exprimer avec une truculence rabelaisienne. « Lo Banquèt de les Fayes » (Le Banquet des Fées), avec ses 522 alexandrins, met en scène un regroupement de fées de Chartreuse discutant des maris jaloux et des moyens de les punir, faisant écho aux traditions populaires sur les fées. Enfin, « La Viltenence du cortisan » (La Condition méprisable du Courtisan), 186 alexandrins, est une critique sévère du Roi et de son entourage, inspirée par les mésaventures de l'auteur à la cour en tant que député. Ces œuvres offrent un témoignage précieux sur l'humeur du temps, mêlant esprit de pamphlet et paillardise. Vous pouvez découvrir ces textes fascinants, traduits par Gaston Tuaillon, notamment via les publications du Musée dauphinois.

Un héritage durable pour la langue arpitane

Les poèmes de Laurent de Briançon ne sont pas seulement des curiosités historiques ; ils sont considérés comme les premières œuvres dotées d'une véritable qualité littéraire en arpitan du Dauphiné. Ils démontrent que, bien avant les grands noms de la littérature savoyarde des siècles suivants comme Amélie Gex, une tradition écrite riche existait déjà. L'étude de ses textes révèle les particularités à Grenoble au XVIe siècle, bien que parfois difficile à déchiffrer ou à dater précisément sans recours aux faits historiques. Laurent de Briançon, le poète dauphinois, a ainsi laissé une empreinte indélébile, prouvant que notre langue est capable de véhiculer des idées complexes, des émotions et des critiques sociales avec force et style.

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