Claude Aimé Constantin est un érudit, philologue, écrivain français né le à Thônes (royaume de Piémont-Sardaigne aujourd'hui Haute-Savoie depuis l'Annexion de la Savoie par la France en 1860), mort à Annecy (Haute-Savoie) le .
Ses travaux sont à l'origine du premier dictionnaire de la langue savoyarde. Il est honoré en Russie de l'ordre de Sainte-Anne (1863) et de l'ordre de Saint-Stanislas dont il est nommé commandeur en 1872, et en France du titre d'officier d'Académie (1884).
Claude Aimé Constantin nait le à Thônes dans le royaume de Piémont-Sardaigne (aujourd'hui Haute-Savoie depuis l'Annexion de la Savoie à la France en 1860 ; il est le fils de Paul Napoléon Constantin et de Denise Avet. C'est l'oncle et le parrain d'Aimé Vaschy (1857-1899).
Aimé Constantin fait ses études jusqu'à la rhétorique (actuelle classe de 1re) au collège de Thônes, et ensuite ses classes de philosophie et de sciences au collège chapuisien d'Annecy. A peine a-t-il achevé ses études qu'il part pour la Russie où il séjourne, presque sans interruption, environ vingt-six ans, de 1850 à 1876. La carrière de professeur de français qu'il a choisie est d'abord pour lui assez pénible, mais elle est bientôt très brillante.
C'est en Russie qu'Aimé Constantin publie en 1861 ses premiers travaux ; ils y sont remarqués et les encouragements ne lui font pas défaut. La même année, il obtient le diplôme de secrétaire de collège. Ses hautes qualités lui valent d'être choisi comme précepteur de la grande duchesse Olga (future reine de Grèce) et des grands ducs Constantin, Dmitri et Viatcheslav Constantinovitch, cousins de l'empereur Alexandre II de Russie. C'est à ces Altesses impériales qu'il dédie en 1876 à son retour en Savoie, désormais française depuis 1860, « avec hommage respectueux de leur professeur », l'ouvrage intitulé La Statistique aux prises avec les Grammairiens.
Aimé Constantin se fixe alors près de la ville d'Annecy, au lieu-dit la Puya, mais la Russie exerça toujours sur lui une profonde attraction. Il devient le 27 novembre 1876 membre effectif de la Société Florimontane d'Annecy et est élu vice-président dès l'année suivante (23 février 1877). Après avoir fait partie du Comité de rédaction de la Revue Savoisienne, il en devient directeur, en même temps que secrétaire de la Société (12 juin 1884). Il donne sa démission (14 novembre 1889) lorsque sa santé très affaiblie ne lui permet plus de remplir cette exigeante fonction ; mais sur la proposition de son président Camille Dunant dans la séance suivante, l'assemblée le nomme par acclamation secrétaire honoraire.
Il fait à cette Académie un certain nombre de communications d'ordre historique, littéraire et surtout philologique, et prépare quantité de matériaux pour un dictionnaire du patois savoyard, que le professeur Joseph Désormaux, son collègue de l'Académie, devait compléter et publier en 1902. Il prend une part importante aux Congrès des Sociétés savoisiennes, dont il est élu vice-président (en 1887 au Pont-de-Beauvoisin), et président (à Chambéry, en 1899). Il n'y a peut-être pas d'érudit ou de lettré savoyard qui n'ait alors connu Aimé Constantin et apprécié ses nombreux écrits. L'Institut genevois le nomme, en 1884, membre correspondant pour la section de littérature. Il est également membre effectif non résident de l'Académie chablaisienne (1887), membre honoraire de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie (1890), membre correspondant de l'Académie de Savoie (1891).
Les nombreux travaux d'Aimé Constantin ne l'empêchent pas de prêter son concours à diverses œuvres intéressant Annecy et sa région. Il est membre de la Chambre consultative d'agriculture pour le canton d'Annecy-Sud, président de la Commission cantonale de statistique de ce canton (1881), membre du Conseil départemental des bâtiments civils. C'est même à ses fonctions de contrôleur rapporteur de la Commission des bâtiments scolaires qu'il doit d'être nommé officier d'Académie (1884) ; en 1889, il siège au bureau d'administration du Lycée Berthollet. Il est enfin un bienfaiteur insigne de Thônes, sa ville natale, à laquelle il donne en 1896 une rente annuelle de 1 100 francs pour l'hospice.
Aimé Constantin décède à Annecy le 22 mars 1900.
La vie d'Aimé Constantin est entièrement consacrée à l'étude. La plupart de ses écrits sont relatifs à la Savoie et presque tous ont d'ailleurs paru pour la première fois dans la Revue savoisienne.
Avec le collationnement des textes en patois savoyards, l'établissement d'une grammaire et d'un glossaire est, dans la seconde partie de sa vie, l'objet de sa constante préoccupation. Aimé Constantin élabore à cet effet un nouveau système orthographique fort simple et ingénieux à l'usage du patois savoyard et ne cesse d'amasser des matériaux, allant de localité en localité, interrogeant les habitants et de préférence ceux qui n'ont guère quitté leur village. Il n'a malheureusement ni le temps de terminer, ni la satisfaction de voir publié le Dictionnaire savoyard, objet de sa constante préoccupation.
À sa mort et en accord avec sa veuve, l'Académie florimontane charge l'un de ses membres, le professeur Jacques Désormeaux, « de recueillir les manuscrits laissés par Aimé Constantin, de réviser ces notes, de les classer, de les compléter ou de les rectifier au besoin, et de donner au Dictionnaire sa forme définitive ». À l'origine, le Dictionnaire devait d'abord paraître chaque trimestre, dans la Revue savoisienne, mais sa publication aurait ainsi duré fort longtemps et le vœu de tous était de voir achever l'ouvrage le plus tôt possible. Mme Constantin décide alors que le Dictionnaire, tout en étant publié sous le patronage de la Société florimontane, sera imprimé à ses frais, satisfaisant ainsi aux dernières volontés de son mari mort avec le regret de laisser sa tâche inachevée.